lundi 2 février 2009

Nouvelle à finir (1)


Je vais mourir. Non pas aujourd’hui, mais qui sait de quoi demain est fait, alors je vais mourir. Peut être demain ou ce soir, dans une semaine ou un an, mais n’’importe quand, je serai toujours prêt.

Cependant la question du « comment » m’inquiète bien plus. On a vu des accidents de route arriver à des êtres qui avaient encore toute leur vie devant eux, ou encore les suicidaires en morceaux éparpillés sur un trottoir au pied de cet immeuble…
Moi je ne veux pas de ça. Pas de fanfare, pleurnicheries et cris de peur de la part de mes proches. De toute façon je n’ai pas de proches. Tout de même, je veux pouvoir partir en silence, et de préférence sans souffrir.
J’ai jamais cru en Dieu. Surement parce que je n’en ressens pas l’utilité. Je gagne bien ma vie en puisant sur la fortune de mes parents morts ( qui doivent se retourner d’entendre que leur fiston dilapide les investissement de papa ), ne suis jamais malade, ou très peu, ne me drogue pas, regarde le téléfilm du samedi soir, comme tout bon citoyen…. Non vraiment, je n’ai jamais eu besoin de quelque chose.
Une femme ? A quoi bon ? Je me contente de l’essentiel ! Evitant de près ou de loin ce qui pourrait se présenter comme un problème à mon bonheur. Je suis sûrement trop dur, et ma mère vous raconterez déjà toutes mes erreurs de jeunesse en fondant en larme sur votre épaule. Pauvre maman qui a toujours cru son fils était un surdoué…
Voilà 5 ans que je vis seul dans la maison familiale, et seulement 2 minutes où je m’inquiète de ma propre mort. On peut dire que mes géniteurs ont eu de la chance. Accident d’avion. Un réacteur a pris feu et en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, l’avion s’est écrasé en pleine mer ne laissant aucun survivant. Bien que je considère cela comme une chance, je n’aurai pas voulu être à leur place. Je ne sais pas nager.
Je crois bien que l’ennuie me fait délirer. J’aurai avoir la chance de converser avec ma tendre mère, qui était si attentionnée envers les gens… Ou avec mon père qui semblait avoir créé le monde, tant ses connaissances étaient vastes. Ne pas pleurer. Et pour ça il suffisait que je m’abstienne de remémorer ces souvenirs tant douloureux. Je vivais dormais ma vie, certes pas celle dont j’aurais rêvé, mais dont beaucoup m’enviaient.
Un jour mon meilleurs ami m’a dit « Simon, un jour on fera un road-trip, on prendra mon vieux tacot et on fera le tour de l’Europe… » Longtemps j’ai voulu le croire, et j’ai attendu patiemment qu’on fasse nos bagages. Mais aujourd’hui Van ( oui, mon ami ), a fondé une famille, avec femme et enfants, crédits et tout ce qui s’en suit, et le terme « voyage » est désormais totalement sorti de son langage, à mon grand regret.
J’ai presque honte de toute cette richesse. Après tout, je n’ai rien fait pour mériter cela, et souvent je me dit que cet argent ne sera pas éternel. Alors si je dois mourir, je veux que ce soit avec le sourire, avec une vie derrière moi, et surtout sans souffrir bien entendu.
Il était donc temps que je me prenne en main.

Le jour était déjà en train de se lever, lorsque le téléphone me réveilla en sursaut. Quelques rayons de soleil tentaient de se frayer un chemin entre les persiennes, inondant le parquet de reflets miroitants. Ma main vint spontanément protéger mes yeux, tandis que l’autre repoussait la couette à l’autre bout du lit. Un pied, puis deux, et me voilà propulsé malgré moi vers la cafetière. Passant devant un miroir, je fus surpris de mon reflet: un visage aux traits fins, cachés sous un buisson de barbe brune. Un visage d’ange dissimulé sous une épaisse tignasse, dont les mèches les plus rebelles descendaient jusqu’à la base de mon cou.
Il était temps que je me reprenne en main. Cette nuit m’avait ouvert l’esprit.
Une dernière fois j’osai me regarder dans le blanc des yeux. Le vert ambre noyant mes pupilles me fascinait. Je pouvais sauver ce corps, et c’est-ce que j’entrepris après avoir bu mon café d’une traite.
Tel un chirurgien, mes mains habiles se trouvèrent performantes pour couper raser, soigner ce visage. Puis pour terminer la transformation, je me fis couler un bain dont les huiles parfumèrent rapidement tout la maison.
Une heure plus tard j’étais enfin prêt.






A vos plumes !